mercredi 19 mars 2003

le glyphosate (principe actif du Round Up) contamine les organismes des agriculteurs, de leurs épouses et de leurs enfants !

Après la mise en évidence de résidus de glyphosate dans les eaux, souterraines et de surface, on trouve désormais des résidus de ce desherbant dans l'organisme humain.

L'étude de l'exposition de la famille agricole,réalisée et publiée aux Etats Unis en mars 2004 a évalué les concentrations urinaires en glyphosate de 48 agriculteurs ainsi que celles de leurs épouses et de leurs 79 enfants. Des prélèvements ont été effectués 24 heures avant les applications de glyphosate, le jour de l'application et trois jours après.

RESULTATS :soixante pour cent des agriculteurs avaient des quantités de glyphosate détectables dans les urines après application ( le jour même). Les agriculteurs ayant opéré sans gants étaient les plus contaminés. Quatre pour cent de leurs épouses avaient également dans leurs urines des traces de glyphosate ainsi que douze pour cent de leurs enfants ( les enfants contaminés avaient à une exception près aidé leur père à l'application du glyphosate).

Pour mémoire, l'American Cancer Society a publié en 1999 une étude épidémiologique montrant que les sujets exposés au glyphosate avaient un risque de dévelloper un lymphôme non Hodgkinien 2,7 plus important que le reste de la population.

Références :Glyphosate Biomonitoring for Farmers and Their Families: Results from the Farm Family Exposure Study John F. Acquavella,1 Bruce H. Alexander,2 Jack S. Mandel,3 Christophe Gustin,1 Beth Baker,2 Pamela Chapman,4 and Marian Bleeke1Environmental Health Perspectives Volume 112, Number 3 March 2004

Retrouvez le MDRGF sur son site internet : WWW.MDRGF.ORG

mardi 11 mars 2003

Malformations du sexe des bébés : une étude accuse les pesticides

Il y a quinze mois, c'était une « hypothèse ». Face à la progression inquiétante du nombre de bébés garçons arrivés avec une malformation génitale dans son service d'endocrinologie pédiatrique, au CHU de Montpellier, face à l'apparition de pubertés de plus en plus précoces chez les filles, le professeur Charles Sultan mettait en cause les pesticides, soupçonnés de copier l'activité des hormones femelles - les oestrogènes - ou d'annihiler l'action des hormones mâles, les androgènes (1).

L'équipe du CHU avait alors été frappée par la fréquence de ces anomalies dans le milieu agricole. Les rares études épidémiologiques engagées sur le sujet, comme l'observation du monde animal, l'hermaphrodisme des ours polaires ou la féminisation des panthères, allaient dans ce sens.Depuis, des taux anormalement élevés de pesticides ont été retrouvés dans les couches de glace polaire, et de plus en plus d'animaux sont concernés : les grenouilles américaines, constatait en octobre la revue Nature, qui dénonçait l'atrazine, un herbicide.

Depuis, surtout, l'équipe du professeur Sultan a engagé avec le soutien de l'Europe une étude épidémiologique sur le sujet : 2 043 naissances ont été suivies en 2002 à la maternité montpelliéraine Clémentville, dont la moitié (1 033) de garçons. Vingt-cinq ont une malformation : 4 micropénis, 12 cryptorchidies, 7 hypospadias, 2 pseudo-hermaphrodismes (3).Bilan : « Il existe une augmentation de la prévalence des malformations génitales du garçon. Les taux sont dix fois supérieurs aux données habituelles, cent fois plus pour le pseudo-hermaphrodisme. C'est énorme », s'inquiète le professeur Sultan, d'autant que « l'étude a été menée dans une maternité qui n'accueille pas de grossesses à risques ».Autre constant : parmi ces 25 enfants, 8 d'entre eux (32 %) avaient un parent exposé aux pesticides. Dans un échantillon témoin de 50 enfants "normaux" tiré parallèlement au sort, seulement 4 avaient des géniteurs exposés. « Un enfant d'agriculteur a quatre fois plus de risques d'avoir une malformation génitale », conclut le professeur Sultan. Des analyses plus poussées sur le pseudo-hermaphrodisme montrent une activité biologique anormalement élevée des oestrogènes.

L'étude vient d'être présentée à Copenhague. « Pour la première fois, on dispose de données de prévalence vraies », souligne le professeur Sultan, encouragé par un début de prise de conscience, même si « un certain nombre d'autorités minorent le problème », si « les responsables de santé publique n'ont pas conscience de l'ampleur du phénomène » : « Les grandes revues de pédiatrie s'intéressent au sujet. Les pesticides auraient aussi une incidence sur la croissance, le développement neurologique;

C'est un problème de société, un cri lancé pour susciter une prise de conscience. On balance 22 produits chimiques sur les pêches de Gard, 15 000 tonnes de pesticides sont stockées en France. Il faudrait déclarer un moratoire sur leur utilisation. »En attendant, Charles Sultan s'apprête à lancer une nouvelle étude sur la puberté précoce. Pour lui, pas de doute, les pesticidessont en cause. A l'automne, son service a reçu une petite d'un mois, « avec les seins d'une gamine de 12 ans ». La fille du propriétaire du moulin du Capitoul, dans le Lodévois. Il y a deux ans, deux tonnes d'arsenic étaient découvertes sur le site, ancien entrepôt d'insecticides de Metaleurop dans les années 60. Le propriétaire a porté plainte pour « empoisonnement et tentative d'empoisonnement ».

L'affaire s'est soldée par un non lieu.

Sophie GUIRAUD

(1) Midi Libre du 30 novembre 2001.
(2) Hypospadias - l'orifice de l'urètre n'est pas au niveau du gland -, cryptorchidie - testicules non descendus -, micropénis - verge courte -.
(3) Un appel, en cours, sera examiné jeudi par la chambre d'instruction de Montpellier.

Source : Midi-Libre