lundi 13 novembre 2006

Toxicité neurologique des produits chimiques

Toxicité neurologique des produits chimiques : une bombe à retardement !
La pollution chimique, du fait de ses effets sur le développement cérébral de l'enfant, a créé "une pandémie silencieuse dans les sociétés modernes", qui concerne des millions d'enfants, mais "n'apparaît pas dans les données statistiques sur la santé", regrettent les docteurs Philippe Grandjean (université du Sud-Danemark) et Philip Landrigan (Mount Sinai Hospital, New York). Dans un article mis en ligne, mercredi 8 novembre, par la revue britannique The Lancet, ils recensent les données connues sur la toxicité neurologique des produits chimiques chez la femme enceinte et le jeune enfant. Leur constat, lourd, plaide pour que des tests renforcés soient menés sur les substances chimiques avant qu'elles ne soient commercialisées. A l'appui de leur travail, les deux chercheurs citent une étude américaine des Centres pour le contrôle des maladies (CDC) datant de 1994. Selon elle, un enfant sur six présentait un trouble du développement de très léger à sévère. Le plus souvent affectant le système nerveux. Selon un rapport du Conseil national de la recherche américain publié en 2000, 3 % de ces anomalies résulteraient directement d'une exposition environnementale. Un quart serait la conséquence d'une interaction entre des facteurs environnementaux et des susceptibilités génétiques individuelles.
A ce jour, des dizaines de milliers de produits chimiques sont disponibles sur le marché : on en comptabilise 100 000 dans l'Union européenne et 80 000 aux Etats-Unis. Or, moins de la moitié ont fait l'objet de tests d'évaluation de leur toxicité. Pour 80 % d'entre eux, aucune information n'est disponible sur les effets que ces substances pourraient avoir sur le développement du cerveau de l'enfant.
Cinq produits - plomb, méthyle, mercure, arsenic, polychlorobiphényle (PCB) - et des solvants, comme le toluène, ont une neurotoxicité connue qui affecte le développement. Trois autres - manganèse, fluorures et perchlorates - sont suspectés de causer des troubles de la mémoire, des troubles du comportement et des retards intellectuels.
"ENORME ICEBERG"
Ces produits pourraient n'être que "la partie émergée d'un énorme iceberg", affirment les auteurs de l'étude, qui rappellent la vulnérabilité du cerveau humain au cours de son développement. La preuve de la toxicité chez l'adulte n'est aujourd'hui connue que pour 202 produits. Pour un millier d'autres, elle n'a été démontrée qu'en laboratoire mais ces tests ne prennent pas en compte les fonctions neurologiques supérieures.
Le plus souvent, une substance est identifiée comme toxique chez l'adulte lors d'expositions professionnelles ou d'empoisonnement et, pour l'enfant, lors d'intoxications aiguës. Ce n'est que dans un second temps qu'apparaissent des données épidémiologiques sur les déficits comportementaux chez les enfants exposés au cours de la grossesse à des concentrations inférieures à celles qui sont toxiques pour l'adulte.
Les effets se font souvent sentir à long terme. Ce fut le cas, soulignent les deux chercheurs, avec "l'exposition au plomb présent dans l'essence des enfants des pays industrialisés nés entre 1960 et 1980". C'est aussi celui des pays en voie de développement, où une réglementation moins contraignante autorise l'exportation, malgré leur toxicité, de certains pesticides.
L'article du Lancet rejoint ainsi les préoccupations de l'Appel de Paris, lancé le 7 mai 2004 et signé par plus d'un millier de scientifiques dans le monde - dont plusieurs Prix Nobel - et 1 500 organisations non gouvernementales. Dans un mémorandum, rendu public jeudi 9 novembre et adressé notamment aux 25 Etats membres de l'Union européenne, les signataires proposent "164 mesures à mettre en oeuvre (...) afin d'éviter ou d'atténuer les crises de santé publique".
Source : Le Monde 10.11.06
Pour en savoir plus : - un résumé de l'article du Lancet en anglais : http://www.hsph.harvard.edu/neurotoxicant/appendix.doc

dimanche 5 novembre 2006

La production intégrée de blé plus rentable que l'agriculture raisonnée !

Culture du blé : les systèmes intégrés utilisant moins de pesticides et d’engrais sont plus performants économiquement que les systèmes de culture conventionnels selon l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) !
Des expérimentations (1) conduites pendant 4 ans par l’INRA, en relation avec ARVALIS et les chambres d’agriculture dans des situations géographiques et agronomiques variées prouvent que le choix de variétés de blé tendre rustiques associées à des itinéraires culturaux intégrés économes en intrants (pesticides, engrais) est plus performant économiquement que les méthodes conventionnelles dites ‘raisonnées’ !
Ainsi, sur l’ensemble des 26 essais suivis en 2006, l’itinéraire intégré permet de dégager en moyenne 56 Euros de plus de marge par hectare que la conduite classique (raisonnée) plus gourmande en intrants. L’écart peut même aller, dans certains cas, jusqu’à plus de 160 Euros /hectare ! En comparant les différents essais, les chercheurs ont montré que les systèmes intégrés étaient plus rentables que les systèmes conventionnels dans 92% des cas en 2006.Ces systèmes dits ‘intégrés’ utilisent 40% de semences en moins que la conduite classique, 0 régulateur de croissance (contre 1 en conventionnel) et 1 seul fongicide (contre 2 en conventionnel). Ils utilisent également 30 unités d’azote de moins par hectare. Ils sont donc favorables à la protection de l’environnement.
Pour rappel, l’INRA avait déjà conseillé l’adoption de systèmes intégrés en agriculture ( et également de l’agriculture biologique) dans son expertise collective sur la réduction de l’utilisation des pesticides réalisée conjointement avec le Cemagref en 2005 (2).
Dans ces conditions, le soutien du gouvernement à l’agriculture raisonnée (3) est proprement incompréhensible, l’avantage écologique et économique allant clairement aux systèmes intégrés. La motivation de ce soutien ne peut être que dictée par les intérêts des firmes multinationales productrices de pesticides. Rappelons que c’est l’UIPP (4), le lobby de ces firmes au niveau français, qui a créé le réseau FARRE, à l’origine de l’agriculture raisonnée !
Le MDRGF demande au gouvernement de revoir sa copie et de donner préférentiellement son soutien aux systèmes de production intégrés et biologiques, seuls susceptibles de protéger l’environnement et la santé publique, tout en étant plus performants économiquement.


(1) : voir : la France Agricole n°3155 du 20 10 06 et les publications de B. Rolland de l’INRA de Rennes comme :
http://www.inra.fr/dpenv/pdf/rollac49.pdf (2) : http://www.mdrgf.org/news/news060106_INRA.html(3) : rappelons qu’un objectif de 30% des exploitations en agriculture raisonnée pour 2008 a été posé alors qu’aucun objectif pour la production intégrée ou l’agriculture bio n’a été avancé par le gouvernement ! voir le plan sur mdrgf.org (4) : Union des Industries pour la Protection des plantes - voir : http://www.uipp.org/uipp/partenaire.php
Retrouvez le MDRGF sur son site internet :
WWW.MDRGF.ORG