Les soupçons se confirment : l'exposition, professionnelle ou non, à des pesticides favorise la survenue de tumeurs du cerveau.
Le risque serait alors multiplié par deux ou trois, selon une enquête menée en Gironde. «C'est une étude préliminaire mais solide, suffisamment pour mettre en place dès maintenant des mesures de prévention», assure Marcel Goldberg (Inserm). Coordonnateur d'un pôle de recherche sur l'épidémiologie des cancers professionnels, le chercheur présentait hier les premiers résultats de ce programme initié en 2002 (1).
Diagnostic.
Les objectifs sont ambitieux : étudier le rôle des risques professionnels dans la survenue de nombreuses tumeurs (leucémies, cancers de vessie, du sein, du poumon, du cerveau...), mais aussi mettre au point un système pour évaluer rétrospectivement les expositions d'un travailleur à des toxiques, en fonction des métiers qu'il a exercés. En clair, il s'agit d'acquérir des données cruciales pour améliorer la prévention et le diagnostic des cancers liés au travail. Un domaine où la France a accumulé un retard phénoménal.Les estimations font frémir : de 5 à 10 % des cancers seraient d'origine professionnelle, soit 15 000 à 20 000 cas par an, avec presque autant de décès. Dans les vingt ans à venir, l'amiante à elle seule sera responsable de 50 000 à 100 000 tumeurs. Un bilan «inéluctable», insiste Marcel Goldgerg, les expositions à ce toxique ayant déjà eu lieu. Au total, ce sont 2,4 millions de salariés (13,7 %) qui sont exposés régulièrement à des cancérigènes selon Sumer.
Manque de moyens.
Malgré ces risques indéniables, les cancers professionnels restent sous-diagnostiqués, et bien souvent ne sont pas reconnus comme indemnisables. «Les tumeurs du nez et des sinus ont un taux de reconnaissance élevé car ce sont des maladies assez rares et spécifiques. En revanche, moins de 1 % des cancers de vessie sont indemnisés», cite ainsi le Pr Goldberg. Une situation qui s'explique en partie par le manque de moyens («en trente ans de carrière, j'ai passé vingt-sept ans à mendier», ironise l'épidémiologiste ). Mais aussi par la complexité des études. Les cancérigènes les plus puissants tels le nickel ou l'amiante qui multiplient le risque de tumeurs par plus de quarante sont bien identifiés. Mais ceux dont l'impact est moins important, tels les pesticides ou le formaldéhyde (2), sont moins connus. Au départ, les médecins ont été intrigués par le fait que les agriculteurs meurent moins de cancers que la population générale, sauf au niveau du cerveau.
Isabelle Baldi (Bordeaux) a donc comparé 221 adultes vivant en Gironde et atteints d'une tumeur cérébrale à des témoins de même âge et sexe.Cancer et gliome. Le risque de cancer du cerveau apparaît multiplié par 2,58 pour les sujets les plus exposés aux pesticides. Il atteint même 3,21 pour le gliome, une tumeur particulière. De même, les personnes qui traitent leurs plantes d'intérieur avec des pesticides auraient un risque multiplié par 2,6. Cette étude à petite échelle va être étendue à d'autres régions.
(1) Partenariat entre l'Association pour la recherche sur le cancer (Arc) et l'Association pour les accidentés de la vie.
(2) Utilisé notamment comme désinfectant et pour la fabrication des résines. Libération J 23 06 03 MERCI DE FAIRE CONNAITRE CETTE LISTE AUPRES DE VOS CONTACTS. M.D.R.G.F
site : http://www.mdrgf.org/
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