jeudi 1 mai 2008
200 000 personnes sont, chaque année, victimes d'une intoxication en France
Une étude nationale des centres antipoison donne une première approche d'un phénomène qui touche en majorité les enfants âgés de 1 à 4 ansLe phénomène des intoxications fait, pour la première fois en France, l'objet d'une analyse détaillée. Publiée dans La Revue du praticien du 30 avril, cette étude épidémiologique est le fruit de la récente création d'un système d'information commun aux dix centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV) animé par l'Institut de veille sanitaire.Au cours de l'année 2006, les CAPTV ont recensé 197 042 cas d'exposition à des produits toxiques. Elles ont été accidentelles pour 82,5 % d'entre elles et volontaires dans 15,7 % des cas, les circonstances n'étant pas connues dans 1,8 % des cas." Les intoxications aiguës sont une cause fréquente d'admission dans les services d'urgence et de réanimation. La mortalité reste non négligeable et incompressible pour certaines d'entre elles, malgré une prise en charge qui paraît optimale ", résume le professeur Frédéric J. Baud (réanimation médicale et toxicologique, hôpital Lariboisière, Paris).L'analyse détaillée coordonnée par un groupe de spécialistes dirigés par le docteur Antoine Villa (Centre antipoison de Paris, hôpital Fernand-Widal) porte sur 130 463 cas d'intoxications recensés dans sept CAPTV français pour lesquels l'ensemble des données d'activité de l'année 2006 était disponible. Il apparaît que plus de la moitié (108 000) des cas d'intoxications accidentelles concernent des enfants âgés de 1 à 4 ans. Ces intoxications aiguës surviennent au domicile quand des produits toxiques sont laissés à leur portée.Les intoxications accidentelles sont, d'autre part, dues à des erreurs médicales dans 10,5 % des cas, à des accidents professionnels (5 %) ainsi qu'à des accidents thérapeutiques sans faute médicale (2,1 %). Les produits les plus fréquemment identifiés sont les spécialités pharmaceutiques, les produits domestiques ménagers, les substances chimiques, les produits à usage professionnel, les plantes et les produits cosmétiques.Les auteurs analysent d'autre part les dossiers médicaux de plus de 18 000 personnes qui se sont volontairement intoxiquées durant l'année 2006. Dans 80 % des cas, leur âge est compris entre 10 et 49 ans et les femmes sont plus nombreuses que les hommes (62,4 % contre 37,6 %). Il s'agit presque toujours d'une conduite suicidaire (92,6 %). Mais il faut aussi compter avec les actes criminels ou de malveillance (3,9 %) et les toxicomanies (3,4 %).Le médicament le plus fréquemment utilisé est le paracétamol, principe actif qui est contenu dans les trois spécialités les plus vendues en pharmacie en 2006. Viennent ensuite les anxiolytiques (Bromazépam, Xanax, Méprobamate, Lysanxia) et un hypnotique (Stilnox). Plusieurs substances sont souvent associées.Cette étude recense au total 214 cas d'intoxications mortelles survenues chez les personnes qui ont été prises en charge par les CAPTV. Il s'agit une fois sur trois d'intoxications accidentelles (souvent dues au monoxyde de carbone) et, pour le reste, d'intoxications volontaires. " Ces résultats sont riches d'enseignements, mais ils sont encore imparfaits, estime le professeur Baud. Seul le développement de réseaux réunissant centres antipoisons, centres "15", services d'urgence et de réanimations permettra de donner une image de l'ampleur du problème des intoxications aiguës en France. " Jean-Yves NauLe Monde
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