mercredi 16 février 2011

Problèmes d’infertilité masculine : le potentiel anti androgénique de nombreux pesticides pourrait bien être sous estimé !

Une nouvelle étude(1) publiée dans la revue Environmental Health Perspectives révèle que des pesticides auxquels la population européenne est exposée, et préalablement non soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens, sont en fait des anti-androgènes et menaceraient potentiellement la fertilité masculine!

L’étude : Les scientifiques, de l’Université de Londres, ont d’abord sélectionnés les 134 pesticides auxquels la population européenne avait le plus de risque d’être exposée. Ils ont ensuite sélectionnés 37 de ces pesticides selon un modèle scientifique prédictif. Ils ont enfin testé in vitro ces pesticides pour rechercher un éventuel effet antagoniste avec les récepteurs androgènes.

Résultats :

- 14 de ces pesticides préalablement connus pour être des anti-androgènes ont été confirmés anti-androgènes par ces tests in vitro.

- 9 pesticides préalablement non testés pour leur propriétés anti androgènes se sont révélé posséder des propriétés anti androgènes in vitro. Ces pesticides sont : dimethomorphe, fenhexamide, quinoxyfene, cyprodinil, λ-cyhalothrin, pyrimethanil,fludioxonil, azinphos-methyl, pirimiphos-methyl. Tous ces pesticides sont encore autorisés en France et en Europe, sauf l’azinphos-methyl.

- De plus, 7 pesticides ont montré des effets androgéniques.

Conclusions de l’étude : L’évaluation des effets des pesticides sur la fertilité masculine souffre d’un manque de données important. Il conviendrait ainsi de faire du biomonitoring humain et des études in vivo pour compléter les données de cette étude. Les scientifiques insistent aussi sur le cas des fongicides qui, employés en mélange avant la récolte peuvent engendrer une exposition considérable des consommateurs à ces pesticides anti androgènes.

Commentaires de Générations Futures : Cette étude montre que l’évaluation du risque de l’exposition à des pesticides pour la fertilité masculine est très déficiente. Pourtant les auteurs rappellent que nombre d’études lient le Syndrome de Dysgénésie Testiculaire(2) (qui associe hypospadias, cryptorchidisme, baisse de qualité du sperme et cancer du testicule chez l’adulte) à une exposition prénatale aux pesticides. Le manque de connaissances sur les effets anti-androgènes des pesticides que met en évidence cette étude est donc très inquiétant. Il y a bien sûr lieu de réaliser des études de biomonitoring humain et des études in vivo, comme le suggèrent les auteurs, mais pas seulement.

« A quelques heures de l’ouverture du Salon de l’Agriculture, ces nouvelles données doivent nous alerter sur les dangers que les pesticides font peser sur la santé des consommateurs et des utilisateurs de pesticides, au premier rang desquels les agriculteurs eux-mêmes. »déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. « Cette étude rappelle l’urgence de réduire rapidement la dépendance de notre agriculture aux pesticides. L’environnement ça ne ‘commence (pas) à bien faire’, comme le disait il y a un an le Président de la République au Salon de l’Agriculture. Au contraire, il faut réaffirmer les objectifs du Grenelle en matière de réduction de l’usage des pesticides et également exclure au plus vite les pesticides perturbateurs endocriniens, comme le prévoit la nouvelle législation européenne. » Ajoute t’il.

Pour rappel l’étude ‘Menus Toxiques’(http://www.menustoxiques.fr ) publiée en fin 2010 par Générations Futures montrait la présence de 12 pesticides perturbateurs endocriniens dans les repas d’une journée d’un enfant. En incluant les résultats de cette étude, ce sont 9 pesticides supplémentaires considérés perturbateurs endocriniens qui ont été trouvés dans ces menus, portant le total à 21 pesticides perturbateurs endocriniens ingérés par un enfant la même journée !

1. Orton F, Rosivatz E, Scholze M, Kortenkamp A 2011. Widely Used Pesticides with Previously Unknown Endocrine Activity Revealed as in Vitro Anti-Androgens. Environ Health Perspect http://ehp03.niehs.nih.gov/article/fetchArticle.action?articleURI=info%3Adoi%2F10.1289%2Fehp.1002895

2. Skakkebaek NE, Rajpert-De Meyts E, Main KM. 2001. Testicular dysgenesis syndrome: an increasingly common developmental disorder with environmental aspects. Apmis 109: S22-S28.


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