dimanche 10 octobre 2004

Le désherbant Round up favoriserait les champignons toxiques

14 août 2003 New Scientist

Une étude en laboratoire effectuée pour le compte du gouvernement canadien aurait montrée qu’un herbicide très répandu encourage la croissance de champignons dévastateurs de champs de blé.
Si, par la suite, d’autres études confirment que l’herbicide, glyphosate, augmente le risque d’infections fongiques qui sont déjà un problème très répandu il pourrait être conseillé aux agriculteurs de moins s’en servir.
Ce serait un gros pas en arrière pour les promoteurs de blé génétiquement modifié au Canada,car la première variété de semence en attente d’une autorisation de mise en culture est résistante au glyphosate. Si, par contre, une autorisation est accordée, il risque d’y avoir une augmentation de l’utilisation de glyphosate.
Le risque a été remarqué lors d’une étude de 5 ans menée par Myriam Fernandez du Centre d’Etude Agricole en Prairie Semi-aride à Swift Current dans le Saskatchewan. Elle a remarqué que dans certains champs où le glyphosate avait été pulvérisé au printemps, juste avant de semer, le blé semblait, par la suite, être plus affecté par (fusarium head blight) [flétrissement des plantules] une maladie fongique qui attaque le grain et le rend rose.
Des toxines mortelles
Rien qu’en Europe, (fusarium head blight) [flétrissement des plantules] des céréales détruit un cinquième des récoltes de blé. Le champignon qui cause la maladie produit aussi des toxines capables de tuer les hommes et les animaux.
D’après son collègue Keith Hanson, « nous avons trouvé des taux plus élevés de flétrissements dans chaque [labour] (tillage category) quand du glyphosate avait préalablement été utilisé. »
Et son étude en labo montre que Fusarium graminearum et F. avenaceum, les champignons causant le flétrissement des plantules, poussent plus vite lorsque les désherbants à base de glyphosate sont rajoutés au nutriment.
Mais les chercheurs ne veulent pas en tirer de conclusions trop hâtives. « Nous ne prononcerons pas de verdict tant que nous n’aurons pas tous les chiffres, » dit Hanson. Fernandez souligne que l’analyse des 4 dernières années de chiffres n’est pas encore terminée.
Hanson soutient que le vrai problème est de savoir si les champignons laissent d’autres spores dans le sol. Il est aussi possible que les constations ne découleraient pas directement du glyphosate mais simplement du fait que les herbicides laissent plus de résidus de plantes mortes dans lesquels les champignons peuvent pousser.
Monsanto qui vend le glyphosate sous le nom ‘Roundup’ ainsi qu’un grand nombre de semences « Roundup Ready » modifiées pour être résistantes au Roundup, déclare que le glyphosate est déjà très répandu et ne semble pas engendrer de problèmes liés aux champignons. Monsanto a fait une demande auprès du gouvernement canadien en décembre 2002 pour faire valider son blé génétiquement modifié « Roundup Ready ». La multinationale déclare qu’elle gardera un il très attentif sur les travaux de Fernandez.

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lundi 4 octobre 2004

35% de cancers en plus depuis 1978

Le Nouvel ObservateurSemaine du jeudi 30 septembre 2004 - n°2082 - Notre époque
35% de cancers en plus depuis 1978
Quand la chimie nous rend malades
Bruxelles veut passer au peigne fin 30000 substances chimiques, mais les industriels poussent des cris d’orfraie. L’élimination des plus dangereuses permettrait pourtant d’économiser 40 milliards d’euros en dépenses de santé
Mais où est donc passé le projet Reach? Son adoption par le Parlement européen était prévue pour cet automne. Elle est, pour le moment, reportée sine die. S’il est un projet attendu, essentiel pour l’avenir des Européens, c’est pourtant bien celui-là. Car il y va de notre santé à tous. Reach, pour Registration, Evaluation and Authorization of CHemicals (1), prévoit d’enregistrer les informations de base sur les 30000 substances chimiques dont on produit ou importe plus d’une tonne chaque année. Et d’examiner de près, avant une éventuelle autorisation, toutes celles qui risquent d’avoir un effet sur la santé. Ce projet de bon sens heurte d’énormes intérêts industriels. Alors certains font tout, dans les coulisses, à Bruxelles ou au Parlement européen, pour que les choses traînent. On se souvient pourtant du cri d’alarme lancé par le professeur Dominique Belpomme en février dernier. Ce cancérologue venait de publier un livre (2) inquiétant. Le nombre de cancers augmente, disait-il. Et pas seulement à cause du vieillissement de la population ou du tabac. La preuve: les enfants aussi en sont de plus en plus souvent victimes. Entre 1978 et 2000, effet du vieillissement mis à part, les cancers ont augmenté de 35% selon l’Institut national de Veille sanitaire. Certaines formes de la maladie ont explosé, comme le mésothéliome de la plèvre, causée par l’amiante et le tabac (+354% pour les femmes, +224% pour les hommes). Les mélanomes de la peau ont triplé chez les femmes, quadruplé chez les hommes, les cancers de la prostate ont été pratiquement multipliés par quatre, ceux du sein par deux… Le professeur Belpomme ne voit dans son livre qu’une explication à ce raz de marée de maladies graves: la dégradation de notre environnement due essentiellement à la pollution chimique. Ce n’était pas très nouveau, et l’ensemble du monde scientifique ne disait pas autre chose depuis des années. Mais le professeur Belpomme, qui a créé une association (3) et organisé un colloque sur ce thème en mai dernier, a su, lui, se faire entendre et éveiller l’intérêt des médias. Jean-François Narbonne, un des grands toxicologues français, le reconnaît volontiers: «Cela fait longtemps que nous voulons alerter l’opinion publique, mais nos rapports finissaient toujours par échouer dans un tiroir.» Le grand public ne le sait pas toujours, mais nous baignons dans des substances chimiques qui peuvent parfois se révéler très nocives pour nos organismes. On trouve ainsi du nonylphénol, une substance suspectée de perturber le système hormonal et la reproduction, interdite en Allemagne depuis 2003, dans des pyjamas d’enfants, des jouets, des peintures ou des produits nettoyants De nombreux téléviseurs, ordinateurs, mais aussi tapis ou meubles contiennent des retardateurs de flammes polybromés, qui ont remplacé l’amiante (3000 morts par an en France à l’heure actuelle) mais menacent le métabolisme. On peut pourtant les remplacer eux aussi: un grand de l’électronique comme Samsung l’a fait. Mais les autres constructeurs traînent les pieds. Que dire aussi des phtalates, qui rendent le plastique plus mou et plus doux au toucher et entrent jusqu’à 50% dans la composition de certains jouets? Là encore il s’agit de substances dangereuses, les ministres de l’Economie européens viennent d’ailleurs de proposer d’interdire définitivement trois de ces composants. Mais, plutôt que de s’en passer, les industriels préféraient jusqu’à présent mettre au point des machines qui imitent la succion des enfants sur les jouets pour savoir combien de molécules ces derniers risquaient d’ingérerLa Commission européenne, qui a beaucoup travaillé sous l’impulsion de la Suédoise Margot Wallstöm, ex-commissaire à l’Environnement, a recensé 1400 substances chimiques «hautement préoccupantes», auxquelles pourraient bientôt s’ajouter un demi-millier d’autres composants. Parmi elles 850 sont, selon le jargon des spécialistes, des CMR: cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (dangereuses pour la reproduction). Les autres sont des POP, des polluants organiques persistants, qui ne se dégradent pas, s’accumulent dans les graisses ou le lait maternel et se transmettent tout au long de la chaîne alimentaire. Personne n’est épargné. Le WWF a fait l’expérience l’an dernier en prélevant au Parlement européen le sang de 47 volontaires venus de dix-sept pays d’Europe. On y a retrouvé la trace de 76 substances toxiques différentes! Des phtalates surtout, des dérégulateurs endocriniens qui perturbent la reproduction. Mais aussi, dans 100% des échantillons, du DDT, interdit en France depuis 1971, des pesticides, des polybromés retardateurs de flammes, etc. La personne qui avait la plus forte dose de toxiques dans le sang était une députée verte française qui habite à la campagne et mange bio! Nous sommes tous porteurs de ces étranges cocktails qui expliqueraient, pour certains, que 15% des couples européens sont aujourd’hui stériles, ou qu’un enfant sur sept y souffre d’asthme. Même les Inuits, sur leur banquise, sont touchés. Ils vivent en bout de chaîne alimentaire et concentrent donc les toxiques stockés par les poissons ou les mammifères qu’ils chassent: 73% des femmes inuites ont cinq fois plus de dérivés chimiques du chlore (PCB) dans le corps que ne le prévoit la norme canadienne. Et, toujours selon cette norme canadienne, leur lait maternel est considéré comme un déchet toxique.Et on ne parle pas des pesticides, si répandus qu’aujourd’hui 90% des cours d’eau et 60% des nappes phréatiques sont pollués. Après trente ans de black-out sur le sujet, Jacques Chirac a annoncé, en juillet dernier, le lancement d’une enquête épidémiologique sur l’exposition aux pesticides des paysans depuis cinquante ans. Il n’est jamais trop tard dans un pays, troisième consommateur mondial de ce type de produits, où une pomme peut être traitée jusqu’à 27 fois dans l’année! La Commission européenne estime qu’il y a «des preuves suffisantes pour supposer que les problèmes associés à la contamination de l’environnement et des aliments par les pesticides sont sérieux et s’aggravent». Certains n’ont pas attendu. Dans les pays scandinaves, aux Pays-Bas, on a pris depuis la fin des années 1980 des mesures pour réduire parfois de plus de 70% les tonnages de pesticides utilisés. Et leur production agricole ne s’est pas écroulée.C’est dire l’importance du projet Reach, qui devrait mettre fin dès cet automne à un système dans lequel les industriels pouvaient lancer n’importe quel produit sur le marché en laissant aux Etats le soin de faire face aux conséquences pour la santé. Certes il y avait bien eu, en 2001, la Convention de Stockholm, qui proscrivait l’usage de douze produits extrêmement dangereux «les douze salopards», disaient les experts dont le DDT, toujours utilisé dans les pays du Sud. Et puis auparavant, en 1981, une obligation faite par l’OMS de faire tester les substances chimiques nouvelles sans se préoccuper des 100000 qui étaient déjà présentes sur le marché. Mais l’obligation en question est restée en grande partie lettre morte: sur les 2500 molécules nouvelles apparues depuis cette époque, 140 seulement ont été testées. Selon les rédacteurs du projet Reach, l’élimination de 10% des produits les plus toxiques permettrait d’économiser au bas mot 40 milliards d’euros de dépenses de santé d’ici à 2050. Oui mais, voilà, les industriels ont poussé de hauts cris. En France, l’Union des Industries chimiques a agité le spectre du chômage et des délocalisations: selon elle, le projet Reach, même allégé, coûterait aux professionnels 28 milliards d’euros sur dix ans soit cinq fois plus que les estimations de la Commission européenne. Il entraînerait la réduction de 10 à 30% de la production des secteurs les plus sensibles les plus dangereux? que sont les cosmétiques et les peintures. Et, au final, 360000 emplois seraient directement menacés Mêmes réactions au Royaume-Uni et en Allemagne, où les syndicats sont venus à la rescousse de leurs patrons. Les Américains aussi s’y sont mis dès le lancement du projet, en 2001, par la voix du secrétaire d’Etat Colin Powell, qui a dénoncé des «interdictions pour motifs politiques» qui risquaient de mettre en péril les exportations des Etats-Unis.Un lobbying effréné a donc commencé tant à Bruxelles qu’au Parlement européen. Si bien qu’aujourd’hui on ne sait plus trop quand Reach risque de voir le jour. On nous assure qu’une première lecture aura lieu au printemps prochain, à la suite de laquelle trois sous-commissions du Parlement européen s’empareront du texte qui serait peut-être adopté définitivement en 2006. Peut-être. La seule bonne nouvelle de ces derniers mois c’est que Jean-Pierre Raffarin avait placé le projet Reach au coeur des 45 mesures de son «plan national santé-environnement» présenté en juillet dernier. Cela suffira-t-il à nous rassurer?
(1) Enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques.(2) «Ces maladies créées par l’homme», Albin Michel.(3) Association française pour la Recherche thérapeutique anticancéreuse.
Gérard Petitjean

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vendredi 23 juillet 2004

Pesticides dans les fruits légumes et céréales

Une évaluation de la commission européenne vient de révéler que près de 53 % des fruits, légumes et céréales consommés en France contiennent des résidus de pesticides. De plus, plus de 8,9 % de ces aliments contiennent des résidus de pesticides à des doses supérieures aux limites européennes maximales de résidus admises.

La direction de la santé et de la protection des consommateurs de la commission européenne (DG SANCO) vient de publier très discrètement fin juillet 2004 les résultats des évaluations nationales de 2002 des niveaux de résidus de pesticides dans les aliments d’origine végétale (fruits, légumes et céréales) pour les pays de l’ UE et la Norvège, l’Icelande et le Lichtenstein.. Ces résultats montrent la présence de résidus de pesticides à des quantités inférieures aux Limites Maximales de Résidus (LMR) dans environ 38 % des échantillons de ce type d’aliments consommés en Europe. En moyenne en Europe ces Limites Maximales de Résidus sont dépassées dans 5,5% des échantillons. Bien que les comparaisons entre les résultats des différents pays de l’UE ne soient pas toujours pertinentes pour des raisons techniques, la France se distingue cette année encore dans cette enquête par des résultats particulièrement mauvais.

En effet ce sont 44 % des échantillons testés en France qui contiennent des résidus de pesticides à des teneurs inférieures aux Limites Maximales de Résidus et 8,9 % des échantillons qui présentent des résidus de pesticides à des teneurs supérieures aux Limites Maximales de Résidus. Ces chiffres sont en aggravation depuis l’année dernière ou ils n’étaient « que » de 43% et 6.1%.
De plus, en moyenne au niveau de l’Union Européenne, 20,7 % des échantillons fournis au niveau de cette enquête présentent des résidus de plusieurs pesticides (contre 18% l’année précédente). Dans l’évaluation française ce sont 29.9 % des échantillons qui contiennent des résidus de plusieurs pesticides (contre 29% l’année précédente) !
Les principaux pesticides trouvés dans les échantillons français sont dans les fruits et légumes : Thiabendazole, Benomyl, Maneb, Iprodione, Imazalil, Procymidone, Maleic-hydrazide, Chlorpropham, Chlorpyriphos et Orthophenylphenol et dans les céréales : Malathion, Pirimiphos-methyl, Chlorpyriphos-methyl, Dichlorvos, Deltamethrine, Piperonyl-butoxide, Gamma HCH et Endosulfan.

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samedi 5 juin 2004

Les pesticides perturbent la reproduction humaine

Une étude menée en Russie auprès de travailleurs soumis a I'action de pesticides contenant de la dioxine révèle que les hommes exposés à cette substance engendrent plus de filles. L'étude a été réalisée par Gaétan Carrier, professeur au Département de santé environnementale et santé au travail de la Faculté de médecine de l'UdeM.
L'exposition aux produits de la famille des organochlorés a eu lieu dans une usine agrochimique active de 1961 a 1988 dans la ville d'Ufa. Tandis que naissent 106 garçons pour 100 filles dans la population de cette région, le ratio tombe a 54 garçons pour 100 filles chez les descendants des travailleurs de I'usine.
« Ces données sont semblables à celles de Seveso, en Italie, où une diminution du nombre de naissances de garçons par rap­port a celui des filles a été observée chez les individus qui ont été de façon accidentelle fortement exposés aux dioxines et aux furannes en juillet 1976 », signale le professeur Carrier, titulaire de la Chaire en analyse des risques toxicologiques pour la santé humaine.
En collaboration avec les chercheurs Zarema Amirova, du Cen­tre de protection de I'environnement à Ufa, et John Jake Ryan, de Santé Canada, Gaétan Carrier a analysé 84 échantillons de sang de deux cohortes de tra­vailleurs exposés, composées de 150 hommes et de 48 femmes. Les résultats montrent une con­centration chimique moyenne 30 fois plus élevée chez ces tra­vailleurs que dans la population de la région. La proportion de naissances de garçons (40 % contre 60 % de filles) était bien inférieure à celle de la ville d'Ufa et d'autres agglomérations ailleurs dans le monde. « Normalement, on s'attend à ce que ces taux soient respectivement de 51 % et de 49 % », souligne le chercheur.
Mais plus curieux encore est le résultat obtenu selon le sexe du parent contaminée. « Nous avons observé une diminution du nom­bre de garçons chez les pères exposés alors qu'il est stable chez les mères exposées.» Comme dans le cas de Seveso, I'exposition a des niveaux élevés de dioxine est associée à la naissance de plus de filles, mais seulement pour les enfants dont le père a été contaminé.
FÉMINISATION DE LA FAUNE
Ce phénomène d'« oestrogénisation » de la progéniture liée à 1'exposition aux organochlorés n'est pas propre a I'être humain. Dans un écosystème comme la rivière des Prairies, au nord de Montréal, des biologistes ont noté jusqu'à 70 % plus de femelles parmi les mollusques et les poissons.
Gaétan Carrier cite également des travaux menés en Grande - Bretagne sur plusieurs rivières, où des chercheurs ont constaté une féminisation de la faune, un problème susceptible de perturber la reproduction : « ils se sont aperçus que plusieurs clas­ses de produits chimiques miment l’action d'hormones ou bloquent celle de certains récepteurs.»
Le mode d'action de ces substances et la cause pré­cise de leur toxicité sont encore mal connus. Mais il semble que les pesticides organochlorés, dont le bisphénol A, les phtalates et les dioxines, perturbent le fonctionnement de notre système endocrinien.
On considère actuellement que les dioxines et les furannes font partie des 10 com­posés chimiques les plus toxiques présents sur la planète. Au point où leur élimi­nation complète fait I'objet d'un traité international auquel le Canada a adhère. À faibles doses, ces substances, qu'on trouve en microquantité dans l'air, I'eau, le sol et certains ali­ments, ne semblent pas dangereuses. À fortes concentrations cependant, comme ce fut le cas dans les villes d'Ufa et de Seveso, où il y a eu combustion incomplète de divers organochlorés tels les BPC, elles causent de graves problèmes de santé, dont le cancer chez les animaux le laboratoire.

« Les dangers pour la santé qui résultent de I'exposition à une substance toxique dépendent de multiples facteurs, dont la dose, la durée et le mode d'exposition ainsi que la présence ou l'absence d'autres produits chimiques », résume Gaétan Carrier. ^ Dominique Nancy

Gaétan Carrier a effectué son étude auprès de travailleurs d'une usine agrochimique d'Ufa, en Russie

Source : CAP et Revue les diplômés No 406 Printemps 2004

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jeudi 20 mai 2004

Contamination généralisée des organismes par des résidus de pesticides aux USA

Un rapport officiel américain rendu public par PAN montre la contamination généralisée des organismes par des résidus de pesticides aux USA. Un résumé (8 pages / 3MB )de la présentation de PAN est disponible en français en ligne à l'adresse :
http://www.panna.org/campaigns/docsTrespass/CTExSumFrench(print).pdf

En voici les principales lignes :
Des données du gouvernement américains révèlent la quantité de pesticides présents dans le corps humain
Le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies des USA (CDC) a rendu public son Second rapport national sur l’exposition humaine à des produits chimiques présents dans l’environnement en janvier 2003. Ce rapport résume les résultats de tests qui révèlent la présence de 116 produits chimiques, incluant 34 pesticides, chez 9 282 personnes.Ce rapport jette un regard plus précis sur ce que les données du CDC nous révèlent au sujet des pesticides que nous portons tous en nous ou sur notre « charge corporelle en pesticides ». L’analyse de ces données nous décrit quels groupes de personnes en portent le plus, et de quels pesticides, et si les niveaux auxquels nous sommes exposés sont considérés comme « sécuritaires » par les autorités américaines.
De nombreuses personnes sont exposées aux pesticides à des niveaux dangereux, aux États-Unis
Les données de charge corporelle nous procurent une évidence directe de l’exposition d’un individu à des pesticides. Dans plusieurs cas, les niveaux d’exposition à des pesticides, indiqués par les données de charge corporelle du CDC, étaient bien au delà des seuils officiellement acceptables établis par les agences gouvernementales de santé publique et d’environnement. Parmi les 13 pesticides du groupe évalué, pour lesquels de tels niveaux d’exposition « acceptables » ont été établis, deux- le chlorpyrifos et le methyl parathion dépassaient les seuils de façon dramatique. L’exposition chronique au chlorpyrifos, un insecticide plus connu sous son nom commercial Dursban, donne les niveaux les plus élevés au dessus du seuil sécuritaire gouvernemental, avec des niveaux moyens d’exposition chronique, pour les différents groupes d’une population vulnérable, de 3 à 4,6 fois plus élevés que les niveaux considérés comme « acceptables » par les agences. Cela veut dire que des femmes, des enfants et des personnes âgées d’un échantillon de population, qui reflète des millions de personnes aux USA, dépassent la dose chronique d’exposition officiellement établie comme « acceptable ».
Les enfants ont les charges corporelles les plus élevées de plusieurs pesticides dangereux
Les données du CDC montrent que les membres les plus vulnérables de notre population, nos enfants, sont les plus exposés aux pesticides de la famille des organophosphorés, qui endommagent le système nerveux. Comme le CDC notait dans son rapport de 2003, les jeunes enfants transportent des charges corporelles particulièrement élevées, presque deux fois plus que les adultes, d’un produit de dégradation (ou métabolite) spécifique à l’insecticide chlorpyrifos.
Les américains d’origine mexicaine ont des charges corporelles plus élevées de plusieurs pesticides agricoles
Une comparaison entre les niveaux d’exposition parmi différents groupes ethniques montrait que des américains d’origine mexicaine avaient des concentrations significativement plus élevées de 5 sur 15 métabolites de pesticides mesurés dans l’urine. Les américains d’origine mexicaine avaient également des charges corporelles significativement plus élevées de résidus et produits de dégradation des insecticides lindane et DDT (beta-HCH et p,p-DDEm respectivement), que d’autres groupes ethniques.
La plupart des gens aux États Unis sont porteurs de nombreux pesticides
Le CDC a trouvé des pesticides et leurs produits de dégradation dans toutes les personnes qu’ils ont testées. À l’exception de cinq, tous les 23 pesticides et métabolites évalués dans ce rapport ont été trouvés chez au moins la moitié des sujets étudiés.Parmi ceux qui ont été testés pour des résidus dans l’urine ou le sang, la personne moyenne avait 13 pesticides dans son corps. Les deux pesticides qui ont été trouvés dans presque tous les sujets de l’étude étaient le TCP, un métabolite de l’insecticide chlorpyrifos (trouvé chez 93 % des sujets) et le p,p-DDE, un produit de dégradation du DDT (trouvé chez 99 % des sujets). En nous basant sur ces données- qui représentent les résultats de tests pour seulement une fraction des pesticides auxquels les individus sont actuellement exposés- il est clair que la plupart des gens aux USA portent une charge corporelle significative de pesticides ou de leurs métabolites.
Les générations futures sont menacées
Les femmes adultes, incluant les femmes en âge de procréer, avaient les plus hauts niveaux mesurables de charge corporelle pour 3 des 6 pesticides organochlorés évalués).Ceci est très préoccupant, car plusieurs de ces pesticides sont reconnus pour leurs multiples effets nocifs lorsqu’ils traversent la barrière placentaire pendant le développement embryonnaire.Parmi les effets négatifs potentiels de l’exposition du foetus, mentionnons: un poids réduit à la naissance, des problèmes de reproduction, comme un faible taux de spermatozoïdes et autres problèmes de reproduction plus tard dans la vie, et l’interruption du développement neurologique durant l’enfance menant potentiellement à des difficultés d’apprentissage ou autresproblèmes comportementaux. Des niveaux élevés de p,p-DDE chez les mères, par exemple, ont été associés à la fois à des poids plus faibles à la naissance et à une lactation réduite ce qui raccourcit le temps que les mères sont capables d’allaiter.
Les compagnies de pesticides doivent être tenues responsables
D’où viennent ces pesticides dangereux que nous avons dans l’organisme ? Qui est responsable de cette violation de notre corps par les produits chimiques ?La responsabilité première doit revenir aux fabricants de pesticides. Depuis les 50 dernières années, les compagnies agrochimiques ont largement dominé les technologies de contrôle disponibles autant pour l’usage des agriculteurs que pour les autres usages. Ils utilisent également leur influence politique pour promouvoir et protéger leurs intérêts en freinant les règlements en faveur de la santé et de la sécurité. Les fabricants de pesticides sont les mieux placés pour prévenir la charge corporelle en pesticides et le grand public s’attend à ce que les fabricants soient responsables pour les impacts de leurs produits. Dans une tentative pour commencer à quantifier les responsabilités des différents manufacturiers pour les charges corporelles en pesticides, PANNA a développé un index de violation par les pesticides (PTI). Le PTI est une mesure quantitative (un chiffre entre 0 et1) de la fraction de la violation chimique attribuable à un manufacturier spécifique pour un pesticide, ou groupe de pesticides, trouvé dans la population. Un cas type, en utilisant le pesticide chlorpyrifos comme exemple, illustre comment le PTI fonctionne. Dow Agro- Sciences, une filiale et propriété à part entière de Dow Chemical Corporation, est le principal fabricant du chlorpyrifos. En utilisant des estimés conservateurs de leur part du marché, le PTI de Dow serait de 0.8. Cela veut dire qu’au moins 80 % de la charge corporelle en chlorpyrifos de la population serait la responsabilité de Dow Chemical Corporation. Il serait difficile d’établir que quelqu’un d’autre que la Dow Chemical Corporation soit davantage responsable pour les dégâts du chlorpyrifos. Dow a développé et a été le premier à commercialiser ce pesticide pour des utilisations agricoles, résidentielles et non-résidentielles, et demeure le principal producteur du chlorpyrifos à ce jour. La compagnie continue de produire et de promouvoir ce pesticide aux USA et internationalement, en dépit des évidences de ses effets sur la santé publique.

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jeudi 12 février 2004

Les agriculteurs ont 3 fois plus de leucémie à cause d’un herbicide

Les agriculteurs qui utilisent de l’alachlore, un désherbant couramment utilisé dans les champs de maïs et de soja ont 3 fois plus de risque de leucémie. Une importante étude américaine montre à nouveau que les produits chimiques utilisés en agriculture sont dangereux pour la santé de ceux qui les utilisent. (1) L’alachlore est un herbicide également connu sous le nom de métachlore, un produit mis au pointà la fin des années 1960 par la société américaine Monsanto, spécialisée dans les produits agricoles. Il est très couramment utilisé par les agriculteurs français pour désherber les champs de maïs et soja. Il arrive d’ailleurs en tête des polluants les plus couramment retrouvés dans les eaux françaises, selon l’Institut français de l’environnement Les chercheurs américains de l’Institut National du Cancer (Rockville, Maryland) ont analysé les données de l’étude Agricultural Health Study qui suit des agriculteurs américains de Caroline du Nord et de l’Iowa. 49.980 personnes ont participé à l’étude entre 1993 et 2000. Parmi eux, 26.500, soit 53%, utilisent régulièrement de l’alachlore. Les résultats montrent que les agriculteurs qui utilisent l’alachlore ont beaucoup plus de risque de développer des lymphomes que la population générale. Plus les agriculteurs ont été exposés longtemps et à des doses importantes d’alachlore, plus leur risque de cancer augmente.Les agriculteurs les plus exposés ont 3 fois plus de risque d’avoir une leucémie, cancer du sang et de la moelle osseuse que la population générale. Ils ont également 5 fois plus de risque de développer un myélome multiple, une maladie dans laquelle des cellules malignes prolifère dans la moelle osseuse. L’alachlore est depuis plusieurs années suspecté de favoriser les cancers. Une étude similaire réalisée en 2003 chez des agriculteurs américains a montré que les pesticides chlorés favorisent également le cancer de la prostate. (2) En 1996, une étude réalisée dans l’usine Monsanto de fabrication de l’alachlore à Muscatine (Iowa) a obtenu des résultats comparables. 943 personnes ayant travaillé pendant au moins 1 an à l’usine depuis 1968, date de lancement du produit, ont participé à l’étude. Les résultats ont montré qu’ils avaient 50% de risque en plus d’avoir un cancer (cancer du colon et leucémie principalement) (3) . Mais l’alachlore semble avoir encore de beaux jours devant lui. Il est utilisé, avec le dinoterbe, autre produit phytosanitaire à la toxicité connue pour l’homme, comme produit de substitution de l’atrazine. Ce pesticide très largement utilisé en agriculture et interdit en France depuis le 30 juin 2003 parce qu’il favorise les cancers….

le 12/02/2004(1) Lee W : Cancer Incidence among Pesticide Applicators Exposed to Alachlor in the Agricultural Health Study. Am. J. Epidemiol. 2004, 159 (4) : 373-380. (2) Alavanja MC : Use of agricultural pesticides and prostate cancer risk in the Agricultural Health Study cohort. Am J Epidemiol. 2003 May 1;157(9):800-14. (3) Leet T : Cancer incidence among alachlor manufacturing workers. Am J Ind Med. 1996 Sep;30(3):300-6.

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dimanche 25 janvier 2004

2.4-D et malformations congénitales

Les herbicides Chlorophenoxy comme le 2,4-D sont utilisés aux USA sur plus de 85% de la surface cultivée en blé d’états comme le Minnesota, le Montana, le Dakota du nord et du sud qui produisent la plupart du blé des Etats-Unis. Le fait de vivre dans un de ces états peut donc être considéré comme un bon indicateur de l’exposition à ces herbicides par l’environnement.Une étude épidémiologique vient de mettre en évidence un risque accru de malformations congénitales chez les enfants dans ces états par rapport à des populations d’enfants nés dans des états ayant une faible surface agricole cultivée en blé. Le risque supplémentaire mis en évidence est de :+65% de risque de développer une malformation du système respiratoire/circulatoire,+50% de risque de développer une malformation musculosqueletalle +166% de risque de décès du nouveau né suite à une anomalie congénitale pour les garçons.De plus, les enfants conçus pendant la période d’application des pesticides (avril/juin) avaient plus de risque de développer une malformation du système respiratoire/circulatoire (cœur exclu) que ceux conçus pendant d’autres mois de l’année (+75%) !
Pour mémoire, je vous rapelle que le 2.4D est déjà associé à un risque accru de développer certains cancers ( Lymphomes , sarcomes…) et que ...le 2,4-D vient d’être homologué en Europe ! Cherchez l’erreur !
FV
Référence :
Dina M.Schreinemachers.Birth Malformations and Other Adverse Perinatal Outcomes in Four U.S. Wheat-Producing StatesEnviron Health Perspect 111:1259-1264 (2003).
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