jeudi 12 mai 2005

Chimie: alerte au cancer dans le Chablais?

11.05.2005 16:56 Quelque 300 personnes ayant travaillé à Monthey sont sous surveillance. [TSR] Des centaines d'employés de l'ancienne usine Ciba de Monthey sont placés sous haute surveillance, selon L'Hebdo. En cause: la production de l'insecticide Galecron en Valais dans les années 80.
Un urologue de Bex, dans le canton de Vaud, estime avoir détecté une trentaine de cas suspects en vingt ans. Le géant de l'industrie chimique doute de ces chiffres. A l'époque, le Galecron était un des produits vedette de Ciba, dont les activités chimiques se retrouvent aujourd'hui dans Syngenta. Il servait à l'élimination de différentes sortes de larves nuisant notamment à la culture du coton. Le produit a connu une histoire tumultueuse tant dans les pays en voie de développement, où il a été testé, qu'en Suisse.
En 1976, de jeunes Egyptiens ont répandu ce produit dans des champs sans se protéger. Très rapidement, les premiers symptômes des maux causées par le chlordiméforme (CDF), le principe actif de cet insecticide, ont fait leur apparition. Les jeunes, âgés de 10 à 18 ans, ont rapidement contracté des irritations des yeux et des maux d'estomacs, alors que du sang se mêlait à leur urine. Production problématique La même année, Ciba a fait stopper la production a Monthey. A cette époque, les travailleurs manipulaient des produits à main nue dans des locaux sans aération, se souvient un ancien employé.
Ciba corrige le tir en modifiant le processus de fabrication et tente en 1978 de relancer le produit aux Etats-Unis, en Colombie, au Salvador, au Honduras et au Guatemala. Malgré des conditions d'utilisation très sévères, le produit est finalement retiré du marché en 1988. Son utilisation a aussi été interdite en Europe. Alerte à Monthey? De nombreux employés de Ciba ont été plus ou moins exposés à cet insecticide à Monthey, de la production à l'emballage. Ces travailleurs devaient, et doivent encore aujourd'hui, donner leur urine pour qu'elle soit analysée par des spécialistes de la firme pharmaceutique.
Ces contrôles ne semblent pas être pratiqués de façon innocente. Selon l'urologue Henri Bitschin, le nombre de cas de cancers de la vessie serait anormalement élevé dans la région montheysanne, d'où viennent nombre de ses patients. Syngenta doute Syngenta, qui a repris en 2000 la plupart des activités chmiques de Ciba et donc le site de production valaisan, doute des chiffres avancés par le médecin bellerin. Jean-Marc Bellagamba, médecin du travail supervisant notamment la sécurité du travail pour Syngenta, explique que lui ne voit en moyenne qu'un cas de cancer de la vessie par an.
Par ailleurs, "contrairement au cancer dû à l'amiante, qui est indiscutable, le cancer de la vessie est multifactoriel, poursuit-il. Il y a le tabac, l'alimentation et enfin l'environnement professionnel." Pour lui, il n'est pas possible d'établir des statistiques pour la région de Monthey. Ciba a payé aux Etats-Unis
Le médecin reconnaît néanmoins qu'environ 300 personnes du site de Monthey ont été ou sont encore sous surveillance pour avoir été exposées d'une manière ou d'une autre au Galecron. Si une dizaine de personnes sont déjà décédées, aucune n'a touché d'indemnité.
Aux Etats-Unis, où ce produit a également été fabriqué, les avocats sont parvenus à faire payer quelque 80 millions de dollars pour un groupe de 30'000 personnes. En Suisse, les employés exposés à l'insecticide estiment ne pas avoir les moyens de se battre contre le géant bâlois.
Le syndicat Unia, de son côté, entend lancer une action collective. Il cherche aussi à savoir si d'autres substances pourraient à l'avenir provoquer les mêmes problèmes que le Galecron...

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